by Tony Nardi


LETTER ONE

 

With Tony Nardi

(Film Version in English)

Saturday June 30, 2012 at 12:30pm, TIFF Bell Lightbox, Cinema 3

Screening will be followed by a debate/panel with Nick Mancuso, writer Jim Purdy, director Jerry Ciccoritti, screenwriter Frank Borg, and Tony Nardi, moderated by Laura D'Aprile.

 

Complaisance, quand tu nous tiens!
1 septembre 2009, 5:03
Par: Philippe Couture
VOIR.ca / Paratheatre/

Pour encore trois soirs à l'Espace Libre, l'acteur canadien d'origine italienne Tony Nardi sert un virulent plaidoyer contre la complaisance du milieu théâtral, l'ignorance de la critique, l'incompétence des metteurs en scène et j'en passe. Lettre no 2 (Letter two) est, comme son nom l'indique, la deuxième d'une série de trois lettres que l'homme de théâtre en colère a adressé à différents acteurs du milieu théâtral canadien-anglais pour leur souffler sa rage. La lettre a suscité des réactions, qu'il intègre à la représentation, de sorte que la performance oscille constamment entre la narration et le pamphlet. Et ça frappe fort. À toute allure, comme s'il était maître d'oeuvre d'un véritable bombardement, Nardi attaque de toutes parts. Des prises de parole de ce genre-là, on n'ose même pas en rêver dans le milieu francophone québécois. Pourtant, la situation est bien peu différente.

Le prétexte de la lettre, ce sont deux critiques négatives d'une production de La Servante Amoureuse de Goldoni par le Pleiades Theatre de Toronto. Nardi, qui n'a pas plus aimé la pièce que les critiques, leur a tout de même répliqué par la bouche de ses canons, dénonçant leur méconnaissance de la commedia dell'arte et les faussetés de leurs textes. Mais tant qu'à y être, il vise aussi les metteurs en scène, qu'il juge incompétents parce qu'ils abaissent les pièces à leur piètre niveau de compréhension et considèrent sérieusement qu'ils peuvent monter n'importe quel texte seulement parce qu'ils sont metteurs en scène et qu'«une pièce, c'est une pièce». Il écorche les acteurs au passage, dénonçant ce milieu incestueux qui se réunit pour «échanger des fluides». Il dénonce ensuite le silence accablant de l'ensemble du milieu, arguant qu'«avoir peur de réprimander un journaliste est lâche et antidémocratique». Quoi d'autre ? Le milieu théâtral canadien-anglais est fermé sur lui même et refuse de s'ouvrir aux scènes étrangères, l'interprétation des classiques est la plupart du temps «pré-coloniale», les Canadiens n'ont pas d'identité et «font de l'ignorance un trait national.»

On a beau se targuer de la différence québécoise, que Nardi évoque d'ailleurs à quelques reprises, force est de constater que le brûlot pourrait presque s'appliquer mot pour mot à la situation montréalaise. Chez nous, rares sont les dissidents qui osent élever la voix pour dénoncer la complaisance, mais ceux qui le font, comme Evelyne de la Chenelière, Olivier Choinière ou Raymond Cloutier avant eux, disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas. L'ennui, c'est qu'ils peinent à recevoir des appuis publics et prêchent bien souvent dans le désert, même si leur discours est applaudi en privé. Comme s'il n'y avait pas de place pour ce type de discussions, pas d'espace pour la prise de position et le remuage d'idées. C'est d'une grande tristesse.

À entendre la dramaturge Carole Fréchette pendant la discussion qui a suivi la présentation hier, cet espace a déjà existé dans les années soixante-dix. Si tel est le cas, qu'on se dépêche de le réanimer. Car un milieu critique et exigent envers lui-même comme envers ses commentateurs externes ne peut qu'en sortir grandi. Et hier soir, devant une salle composée majoritairement de gens du milieu théâtral montréalais, le discours de Tony Nardi semble avoir reçu l'approbation générale. Peut-être faut-il un détour par le Canada anglais pour porter enfin un regard acéré sur nous-mêmes ?

Quoi qu'il en soit, si vous comprenez bien l'anglais et êtes intéressés par ces questions, je vous conseille de courir à l'Espace Libre. Il y a des surtitres français, mais hélas ils ne suivent pas le rythme trépidant de la parole de l'acteur. Vaut mieux s'armer de sa plus grande concentration et de ses aptitudes dans la langue de Shakespeare.


 




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